Comprendre les besoins spécifiques des cultures pour une fertilisation optimale en azote

G. Demarquest , I. aouriri • July 7, 2023

L’azote s'impose comme l'un des éléments minéraux essentiels pour l'ensemble du monde végétal. En effet, c’est le principal constituant de l'ADN, de la chlorophylle et des protéines, et il stimule la croissance des cultures à chaque étape de leur cycle de développement. Or, chaque plante détient des besoins particuliers en différents nutriments, en fonction de son métabolisme propre. Il est donc primordial de connaître les besoins en azote spécifiques des cultures afin de maximiser leur rendement.

Trouver le bon équilibre pour une fertilisation optimale

Courbe de croissance en réponse de la quantité d'azote disponible

Appliquer la pratique de la fertilisation raisonnée permet de protéger l’environnement mais également d’allier rendement avec qualité des cultures. Une mauvaise gestion de l’azote peut avoir des conséquences négatives autant pour la plante que pour le sol. Parmi ces effets, on peut noter : 

  • Une carence en azote peut provoquer une diminution des rendements , des organes plus petits, une fructification précoce, une mauvaise qualité, la plante ne peut uniquement compter que sur ses réserves pour subvenir à ses besoins.
  • Un excès d'azote génère des reliquats azotés trop élevés dans le sol après la récolte qui mène à la contamination des eaux souterraines
  • Un excès d'azote sous forme de nitrate provoque une sensibilité accrue aux insectes et à certaines maladies.


Au sein de la plante, les symptômes liés à la disponibilité en azote ne sont pas linéaires. C'est pourquoi il existe plusieurs échelons allant de la carence aiguë à l'excès toxique. En carence aiguë, les symptômes sont bien visibles - la plante est petite et les feuilles passent du vert jaunâtre à l'oranger avant de tomber -, les rendements sont mauvais et la qualité médiocre. En état de subcarence, il n’y a pas de symptôme de carence à proprement parler mais les rendements diminuent et la qualité est moins optimale. En approvisionnement optimal, la croissance et la qualité sont les meilleurs possibles. En consommation de luxe, la croissance et la qualité sont bonnes. Enfin, en état de toxicité, c'est-à-dire de sur-approvisionnement, la croissance et la qualité sont réduites.

Sur la seule base des symptômes, il est donc compliqué d'établir un diagnostic juste quant à la disponibilité en azote et, bien souvent, quand le symptôme est observé, il est déjà trop tard pour la culture. Il est donc recommandé d'anticiper les carences éventuelles en effectuant régulièrement des analyses de sol.


Trois outils peuvent-être utilisés pour mieux comprendre les besoins des plantes : les analyses de sols, les analyses de plantes et les analyses visuelles.

 Des outils complémentaires pour faire le bon diagnostic

Le dosage des engrais azotés repose sur de multiples facteurs : les prévisions météorologiques, l’espèce cultivée, les types de sol, l’irrigation, les précédentes cultures, les stratégies de semis,... cultiver est une activité complexe qui nécessite plusieurs interventions sur la culture et son environnement. Ces interventions sont réparties en plusieurs étapes au cours de la campagne agricole. Pour chaque culture existe un itinéraire technique qui résume le programme prévisionnel ainsi que la marche à suivre pour atteindre les objectifs de rendement. Cet itinéraire peut être ajusté selon la météo et les particularités de l’année en cours, en décalant la date de semis ou en changeant le choix des variétés par exemple. Décrire chaque intervention sur une parcelle donnée permet d'assurer un suivi des tâches et des produits utilisés, ce qui peut également vous être utile pour la traçabilité.


Heureusement, il existe des outils pour mettre en place la meilleure stratégie adaptée à vos besoins. Les Chambres d’Agriculture proposent, par exemple, des fiches techniques et des informations réglementaires selon le contexte pédo-climatique de votre région pour vous aider à adapter l'itinéraire technique. Des centres techniques peuvent aussi vous accompagner en apportant une aide technique personnalisée permettant d’améliorer vos pratiques. Il est également possible d’utiliser des outils informatiques qui matérialisent vos cultures, et vous assiste dans le pilotage de l'itinéraire technique.


Références :

By G. Demarquest , I. aouriri March 26, 2024
Les agriculteurs sont de plus en plus nombreux à se convertir à l’agriculture biologique. Le ministère de l’Agriculture dénombre 60 000 fermes engagées en bio en 2022, soit 14,2% des fermes françaises. Cela représente une surface totale de 2,88 millions d'hectares, faisant de la France la première surface bio en Europe. Cette même dynamique est observée dans toute l’Europe et suit l’intérêt croissant des consommateurs pour les produits biologiques et le respect de l'environnement. Ainsi, la Commission européenne a mis en place la stratégie "De la ferme à la fourchette", visant à atteindre 1/4 des terres agricoles cultivées en agriculture biologique pour 2030. Mais, entre les réglementations européennes, le cahier des charges français et les nombreuses évolutions des règlements, il peut être difficile de s’y retrouver. De nombreuses questions émergent chez les agriculteurs souhaitant se convertir au bio, notamment la question de la qualité et la composition des sols nécessaires pour passer au bio.
By G. Demarquest , I. aouriri March 26, 2024
Parmi les facteurs naturels qui déterminent la richesse d'un sol, la teneur en humus figure parmi les premiers de la liste. L’humus, qui constitue la couche supérieure du sol, se forme grâce à la décomposition de matière organique fraîche (d'origine végétale ou animale) en matière organique stable via un processus particulier appelé humification. Dès la préhistoire, les agriculteurs ont reconnu l'importance d'apporter régulièrement de la matière organique au sol. Cependant, il a fallu du temps pour comprendre pleinement son impact sur les sols et les cultures. Depuis, de nombreuses études ont contribué à approfondir notre compréhension de ce processus essentiel pour l'agriculture, l'humus représentant 80% du total de la matière organique dans un sol.
By N. Violeau, I. Aouriri March 20, 2024
Au beau milieu du réchauffement climatique, comment se profile l’avenir géopolitique et économique de la Russie et de l’Europe ? Perspectives sur la souveraineté alimentaire, sur les politiques adoptées ainsi que sur les alternatives pour un possible déclin de l’ultra-dépendance européenne au gaz russe, élément indispensable à la fabrication des engrais azotés.
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En matière de protection de la qualité des eaux, la lutte contre la pollution diffuse par les nitrates est un enjeu important. Avec la publication début 2023 du septième programme d’actions national “nitrates”, le raisonnement de la fertilisation azotée à l’échelle de l’exploitation agricole est, plus que jamais, un sujet d’actualité.
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Le biochar, ce nouvel or noir pour le climat, témoigne des nombreux efforts déployés par le Costa Rica pour réduire l’impact environnemental de ses plantations d’ananas. Il pourrait bien permettre de relever les défis mondiaux liés à la production alimentaire et au changement climatique.
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Engrais azotés, gaz naturel, instabilité géopolitique, pénuries et volatilité des prix : la guerre en Ukraine nous a cruellement rappelé qu’en matière d’engrais, l’Europe peut difficilement échapper à la domination de la Russie.
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Dans les années 1960, les pays en développement ont adopté une politique de réforme agricole visant à remédier aux pénuries alimentaires. Connue sous le nom de révolution verte, cette initiative avait pour objectif d'améliorer les pratiques agricoles afin d'accroître la productivité. Une des mesures phares était fondée sur l'utilisation intensive d'engrais azotés de synthèse. En effet, l'avènement quelques années plus tôt du procédé Haber-Bosch - qui synthétise de l'ammoniac à partir d'azote atmosphérique et de gaz naturel - a permis une certaine indépendance de l'agriculture vis à vis des amendements organiques . Dès lors, les engrais minéraux sont devenus la principale source de fertilité, parfois même la seule, ce qui a considérablement contribué à l'augmentation des rendements. Cependant, ces engrais azotés de synthèse suscite l'inquiétude des agriculteurs comme les états, tant sur le plan environnemental que géopolitique. Le président de l’Organisation Mondiale des Agriculteurs, Theo De Jager, déclarait d’ailleurs en mai 2022 sur la question de la disponibilité des engrais que "nous sommes déjà au milieu d’une crise alimentaire dont il faut désormais évaluer l’ampleur et la gravité" . L’approvisionnement en engrais azotés joue donc un rôle majeur dans la sécurité alimentaire mondiale et implique des enjeux géopolitiques forts.
By G. Demarquest , I. aouriri September 22, 2023
L'azote est présent dans la nature sous plusieurs formes : gazeuse, minérale et organique. Les sols fertiles contiennent beaucoup d'azote sous forme organique, plus qu'il n'en faut pour la nutrition des cultures. Cependant, cet azote n'est pas immédiatement disponible pour les plantes, il doit d'abord être transformé en azote minéral pour devenir un nutriment. C'est grâce à des processus biologiques que des micro-organismes transforment l’azote organique en azote minéral assimilable par les cultures. Ainsi, dans le sol l'azote subit de nombreuses transformations, passant d'une forme à une autre à mesure que les organismes l'utilisent.
By G. Demarquest , I. aouriri September 21, 2023
De février à avril, en France, les agriculteurs épandent sur leurs parcelles des engrais azotés minéraux pour favoriser la croissance de leurs cultures. Sur les 2,2 millions de tonnes d’azote utilisées en France, seule la moitié sert véritablement aux plantes, tandis que l’autre moitié se perd dans l’environnement. Cette quantité non-assimilée témoigne de l'utilisation excessive d'engrais azotés et a montré ses impacts négatifs sur le sol, l'air et les écosystèmes aquatiques.
Ngenesis engrais azotés
By Idriss Aouriri August 23, 2023
Aussi loin que nous remontons dans l’histoire de l’agriculture nous comprenons que le monde paysan a toujours parfaitement fait le lien entre l’apport de déjections animales dans les parcelles et l’amélioration des récoltes. Par la simple observation empirique, les premiers agriculteurs ont bien vu que la présence de déjections rendait l’herbe plus verte. Que ce soit le fumier, le lisier ou le guano, tous ces fertilisants traditionnellement utilisés sont constitués de matière organique transformée ou digérée par des animaux sauvages ou d’élevage. Mais c’est seulement en 1848 que le chimiste allemand Justus Von Liebig comprend le rôle prépondérant de l’azote dans l’alimentation des plantes, cet azote qui constitue 79% de l’atmosphère mais qui n’est assimilable par les plantes que sous forme minérale dans le sol. Et c’est bien la minéralisation des déjections animales et des résidus végétaux, qui fournit l’azote nécessaire à la croissance des plantes. C’est cette découverte du rôle prépondérant de l’azote dans le rendement des végétaux qui allait conduire, plusieurs décennies plus tard, à ce que beaucoup considèrent comme la plus grande innovation agroindustrielle du XXe siècle.
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