L'azote : un facteur clé de la productivité agricole

G.Demarquest • July 7, 2023

La croissance des plantes dépend des conditions du milieu dans lequel elles se développent, notamment la lumière, l’eau et les éléments minéraux disponibles dans le sol. Les plantes ont besoin de seize éléments nutritifs essentiels. Parmi eux, on retrouve le carbone, l'oxygène et l'hydrogène issus de l'eau et du CO2 via le processus de photosynthèse. Tous les autres éléments sont quant à eux prélevés par les racines dans la solution du sol sous forme d'ions dissous : ce sont les sels minéraux.

En fonction de ses besoins, la plante puise ces sels minéraux en différentes proportions. Les éléments requis en quantité importante (plus de 100 mg/dl) sont des macro-éléments : soit primaires, azote, phosphore et potassium (les plus susceptibles de manquer dans un sol), soit secondaires, calcium, magnésium et souffre. Les éléments requis en très petites quantités (moins de 100 mg/dl), bien qu'essentiels à la plante, sont des oligo-éléments ; on y retrouve le fer, le cuivre, le cobalt, le zinc,...


Ces éléments nutritifs sont essentiels puisqu’ils répondent à trois critères majeurs : 

1. Ils interviennent directement dans la nutrition de la plante.

2. En leur absence, la plante ne peut plus croître et/ou se reproduire.

3. Pour que la plante reprenne sa croissance, l’élément est nécessaire et ne peut pas être substitué par un autre.


L'azote : le nutriment clé pour la croissance des plantes

étant un macro-élément, l'azote est requis en grande quantité pour la plante. En effet, il faut 1 kg d’azote minéral pour produire 6 kg de protéines végétales (Unifa). Pour 100 kg de blé, par exemple, 2 kg d’azote minéral sont nécessaires. Et pour cause ! Cet élément est déterminant dans le métabolisme végétal. Il est nécessaire durant toutes les phases de développement de la plante et participe principalement au développement du feuillage et des parties aériennes des plantes. Par conséquent, il peut agir à la fois sur le rendement et sur la qualité des productions.

 

L'azote, après son entrée dans la racine, peut être exporté par les vaisseaux du xylème vers les feuilles pour y être réduit et assimilé. Il peut également être stocké transitoirement dans la vacuole, organite régulant la concentration d'azote dans la plante (rôle tampon), puis être libéré en cas de besoin. Certaines plantes peuvent aussi stocker l'azote sous forme de protéines spécifiques, appelées VSP (Vegetative Storage Protein) (INRA, 2006).

L'azote : indispensable de l'ADN à la photosynthèse

L'azote intervient à de multiples niveaux. Il est à la base de tout le fonctionnement des plantes puisqu’il est l’un des composants des acides nucléiques formant l’ADN et l’ARN. Lors de l'étape de la traduction, l'ARN est parcouru par un ribosome pour synthétiser des acides aminés composés en partie d’azote. Les acides aminés, en se liant les uns aux autres, forment ainsi des protéines, macromolécules indispensables à tous les êtres vivant, y compris les plantes. En effet, les protéines jouent un rôle essentiel dans le métabolisme des cellules à travers leur forme enzymatique, dans la structure cellulaire (paroi, cytosquelette) pour maintenir le port érigé de la plante, dans le transport en agissant comme transporteurs de nutriments, eau et hormones, ainsi que dans de nombreuses autres fonctions biologiques capitales.


L’azote est également un élément incontournable de la membrane cellulaire puisqu’il est présent dans les phospholipides la constituant. Les membranes sont essentielles pour délimiter les cellules, leur noyau et leurs chloroplastes, sièges de la photosynthèse. Le chloroplaste contient un réseau de membranes internes, appelées thylakoïdes, où est retrouvée la chlorophylle. Le squelette moléculaire de ce pigment vert est, par ailleurs, construit autour d'un noyau azoté. La chlorophylle est responsable de la capture de la lumière du soleil et de sa conversion en énergie chimique, rôle central de la photosynthèse.


En plus des fonctions biologiques évoquées ci-dessus, l’azote est utilisé dans la synthèse de la plupart des phytohormones (hormones produites par les plantes). Ces hormones sont capables d'influencer les processus vitaux - y compris la croissance et le développement des plantes -, l'adaptation à l'environnement et la résistance aux stress. Certaines hormones, comme la cytokinine ou l’AIA, nécessitent directement de l'azote dans leur synthèse. D'autres, comme la gibbérelline, nécessitent de l'azote non pas en tant que composant mais comme déclencheur de leur synthèse via une cascade de signalisation (un composé déclenche une réaction qui en enclenche une autre, etc). Dans les deux cas, il existe un cycle de régulation qui permet à la plante d’adapter sa croissance en fonction de la disponibilité d’azote présent dans le sol. 


Il existe encore bien d'autres processus dans lesquels l’azote joue un rôle prépondérant comme les réactions d'oxydo-réduction, la synthèse de vitamines et la production de composés thérapeutiques ou toxiques comme la morphine, la caféine ou la nicotine. 

L’azote est donc un élément primordial pour le bon développement d'une plante mais, cependant, il n'est pas toujours disponible dans le sol en quantité suffisante. C'est donc ici qu'entrent en jeu les engrais azotés minéraux. Ils sont utilisés pour contourner le manque d'azote dans le sol et ainsi activer la croissance des plantes, favoriser la pousse et le développement de toutes les parties aériennes. Néanmoins, l'azote - ce facteur clé de la productivité agricole comme nous avons pu le constater -, si apporté en excès, peut avoir des conséquences sur les cultures (risque de verse des céréales), la qualité du sol, la biodiversité, l'environnement et la rentabilité des agriculteurs.



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